Bouilloires thermiques : ces logements devenus invivables face aux vagues de chaleur

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Avec les étés de plus en plus intenses, un nouveau fléau s’installe dans l’immobilier français : les bouilloires thermiques. Après les fameuses passoires énergétiques mal isolées pour l’hiver, c’est désormais le confort estival des logements qui est en cause. De nombreux Français vivent dans des logements qui se transforment en fournaise dès que les températures grimpent.

Un phénomène qui touche près d’un tiers des logements

D’après une récente étude relayée par Le Parisien, plus de 35 % des logements en France seraient concernés par ce phénomène. En 2024, près de 42 % des Français disaient avoir souffert de la chaleur dans leur logement, un chiffre qui grimpe à 48 % chez les jeunes adultes. Et ce n’est pas seulement une question de confort : entre 2017 et 2024, la surchauffe des logements aurait contribué à plusieurs milliers de décès liés à la chaleur.

Même des habitations affichant un bon DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) ne sont pas épargnées : plus de 30 % des logements classés A ou B présentent un mauvais confort d’été. L’isolation thermique, pensée pour conserver la chaleur en hiver, devient parfois un piège en été, en empêchant la fraîcheur de s’installer.

Une réponse encore trop timide des politiques publiques

Actuellement, le confort d’été est bien intégré dans le DPE, mais cet indicateur reste peu visible et n’influe que marginalement sur les décisions des acheteurs ou locataires. Pire encore, il n’a aucun impact légal sur la possibilité de louer un logement.

Face à l’urgence, une proposition de loi transpartisane a été déposée à l’Assemblée nationale en juin 2025. Elle vise notamment à renforcer l’évaluation du confort estival, interdire la location des logements les plus problématiques à horizon 2030, et faciliter l’installation de protections solaires même en copropriété ou dans des zones classées. Elle suggère aussi de reconnaître les surchauffes comme une nouvelle forme de précarité énergétique.

Des solutions à portée de main

Si les causes sont multiples (mauvaise isolation, absence de ventilation, orientation, absence de volets ou d’arbres), les solutions, elles, existent. Des aides comme MaPrimeRénov’ pourraient être élargies pour mieux intégrer la lutte contre la chaleur. L’ajout de protections solaires, la végétalisation des abords ou encore une meilleure aération naturelle sont des pistes prioritaires.

Mais au-delà des aides, c’est un changement de mentalité qui s’impose. Rénover un logement ne doit plus seulement viser à le réchauffer l’hiver, mais à garantir un confort thermique toute l’année. Et cela passe aussi par une meilleure information des futurs acquéreurs et locataires.

Vivre dignement chez soi, même en été

Le logement doit rester un refuge, en toute saison. Or, pour des millions de Français, les canicules transforment leur habitat en étuve. En reconnaissant enfin l’existence des bouilloires thermiques, les pouvoirs publics amorcent une évolution essentielle dans la conception et la rénovation des logements. Reste à voir si les textes suivront les intentions.